Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Ases[1] peuvent m’appeler. Je ne regrette pas la vie. À présent, je désire mourir. Les messagères envoyées par Odin viennent m’inviter à entrer dans ses salles. Joyeux, j’irai boire de la bière avec les Ases, assis sur des sièges élevés. Les heures de la vie sont écoulées. Je meurs avec joie[2].


Comme le Chant de Hialmar, le Chant de Hervor est un dialogue. Près de la tombe où Angantyr dort son dernier sommeil, Hervor, sa fille, hurle pour l’éveiller. Elle réclame la forte épée du brave, l’épée forgée par les nains. Angantyr nie d’abord que l’épée soit dans son tombeau ; puis, il refuse de la céder : s’il s’en dessaisit, elle détruira toute la race de Hervor. Mais Hervor réclame l’héritage qui appartient à l’unique enfant d’Angantyr ; elle veut l’épée, meurtrière de Hialmar, et tant qu’elle ne l’aura pas, elle troublera le repos des morts :

Hervor.

Éveille-toi, Angantyr, c’est Hervor qui t’appelle, Hervor, l’unique fille de la Svafa. Du fond de ta tombe, donne-moi ta forte épée, ta svafurlama forgée par les nains…

Angantyr.

Hervor, ma fille, pourquoi cries-tu ainsi à l’aide des armes qui causent ton tourment ? Es-tu folle, as-tu le vertige pour venir ainsi éveiller les morts ? Je n’ai été enseveli ni par mon père, ni par mes proches. Deux de mes amis qui me nourrissaient ont pris Tyrfing, l’un d’eux la possède.


  1. Les dieux.
  2. Marmier, Chants populaires du Nord, p. 51-57.