Aller au contenu

Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

feu rencontrèrent cette glace et la fondirent, et les gouttes qui s’en détachèrent produisirent le corps du géant Ymir[1]. »

Ymer dans son sommeil enfanta un homme et une femme qui formèrent la race des géants. Peu après lui, naquit, des gouttes de la glace fondue, une vache merveilleuse, nommée Audumla ; quatre fleuves de lait coulaient de ses mamelles et abreuvaient le géant. Elle-même se nourrissait en léchant le givre dont les rochers étaient couverts. Le premier jour, des cheveux poussèrent sur ces rochers ; le deuxième jour, il en sortit une tête ; le troisième jour un homme tout entier : c’était Buri, l’aïeul d’Odin. (Leconte de Lisle l’appelle le roi des Ases (dieux), change un peu les circonstances de sa naissance et le nourrit des fleuves de lait coulant des mamelles de la vache.)

Buri eut trois petits-fils : Odin, Vili et Vé. Tous trois se réunirent pour combattre Ymer. Ils le tuèrent, et les torrents de sang qui s’échappèrent de son corps noyèrent toute sa race, à l’exception de Bergelmer qui se sauva avec sa famille dans un bateau. Alors, les fils de Buri démembrèrent le corps d’Ymer et ils en formèrent le monde. De sa chair, ils firent la terre ; de son sang, la mer ; de ses os, les rochers ; de ses cheveux, les forêts ; de son crâne, la voûte du ciel ; de sa cervelle, les brumes ; de ses sourcils, la palissade qui environne l’univers et protège les hommes contre les attaques des géants ; des vers qui s’étaient développés dans sa chair corrompue, ils firent les nains, race malfaisante et habile, comme celle des géants.


  1. Ampère, ouv. cité, p. 394.