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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/152

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pire des morts. La déesse Héla promit de laisser Balder revenir sur la terre si tous les êtres morts ou animés le pleuraient. Les Ases convoquèrent donc tous les objets de la création. Tous pleurèrent sur le bon Balder, sauf une vieille femme, que nulle prière ne put émouvoir, et le dieu fut condamné à rester dans le ténébreux séjour. Cette vieille femme était Loki. Pour le punir, les dieux l’ont enchaîné et ont placé sur sa tête un serpent qui lui jette du venin au visage. Sa femme Signie est assise auprès de lui et reçoit dans un grand vase tout le poison vomi par le serpent. Quand le vase est plein, le venin tombe sur le corps de Loki et lui cause de telles douleurs qu’il ébranle le sol dans ses convulsions.

Mais sa délivrance approche. Voici venir la lutte suprême des dieux et des géants. Voici venir la destruction du monde. Des signes effrayants annoncent ce jour de calamité : à trois longues années d’un continuel hiver succèdent trois années de combats sanglants ; les amis se trompent, les frères s’entretuent ; plus de dévouement, plus de vérité, plus de vertu, plus d’amour ; puis, la terre tremble, les rochers se fendent, les hommes meurent, le ciel se déchire. Et les dieux s’avancent contre leurs ennemis déchaînés. Chacun choisit son adversaire : Odin est dévoré par le loup Fenris, et le loup est tué par Vidar ; le dieu Thor écrase la tête du serpent, mais périt du venin que le serpent a vomi ; Loki et le dieu Heimdal se tuent l’un l’autre, et le noir Surtur, — le dieu suprême, à ce qu’il semble, — embrase le monde.

Mais quand le monde est détruit, il renaît. Du milieu