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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/184

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en Finlande, le poète finnois Nicander[1] fait raconter une saga par un vieux guerrier païen. Le vieillard la tient, dit-il, de son père, et c’est bien, à ce qu’il semble, une saga authentique et fort ancienne que l’auteur du Glaive runique met ainsi dans la bouche de son personnage. Elle a fourni à Leconte de Lisle tout le cadre de son poème.

Elle commence ainsi :


Dans le haut nord, un puissant château s’élevait, bâti sur un rocher. De là la vue pouvait s’étendre au loin sur la terre et sur la mer. Autour de lui des montagnes, des collines, des forts armés de tours se dressaient ainsi que des vassaux. Il y avait dans l’intérieur une salle magnifique. La voûte de son plafond ressemblait à la voûte bleue du ciel ; quatre ours d’or la soutenaient.

Grand, puissant était le roi, maître de ce château. Un nombre infini de guerriers, revêtus de cuirasses, formaient sa cour. Ils étaient joyeux et ils buvaient. Des scaldes chantaient leurs exploits sur des harpes d’or. Un de ces guerriers se nommait Inquiétude.

Le grand roi était assis sur un trône d’argent orné d’images. Il était vêtu de fer, et sa cuirasse avait l’éclat de la mer aux heures de son calme ; son front était ombragé d’un beau casque ; sa barbe flottait jusqu’à sa ceinture. L’âge avait pâli son visage, mais ses traits avaient conservé leur puissance. Il tenait dans sa main gauche une grande tablette d’or, et dans sa main droite un glaive qui lui servait de burin.


  1. Charles-Auguste Nicander naquit à Strengans en 1799 et mourut à Stockholm en 1839. Ses principales œuvres sont : le Glaive runique, la Mort du Tasse, Souvenirs du midi, Hespérides, des traductions d’Othello, des Brigands, de la Vierge d’Orléans. Le Glaive runique a été traduit du suédois par Léouzon Le Duc (Paris, Sagnier et Bray, 1846). La saga qui en est la principale curiosité est citée tout entière par Léouzon Le Duc dans une note de sa traduction du Kalewala, éd. citée, t. II, p. 284-288.