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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/203

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La pâle Uheldeda, prophétesse de Sein,


tient ta Faucille immortelle et le vase d’eau sacrée. Derrière elle, huit prêtresses portent le Gui divin dans une arche d’or.

Le chef des Bardes prend la parole : il dit les antiques croyances des Kymris sur les origines et la destinée de l’homme. Quand il s’est tu, un autre Barde chante l’histoire primitive de sa race, le déluge, puis la migration des Kymris, venus du pays de l’été dans la région qu’ils habitent aujourd’hui.

Uheldeda parle à son tour : — Les temps sont révolus, dit-elle ; voici venir Murdoc’h, le faucheur des chênes sacrés ; mais qu’aucun de ceux qui sont là ne survive à la ruine de ses Dieux ; c’est en chantant que vierges, prêtres, bardes doivent recevoir l’outrage et l’agonie ; la mort leur ouvrira la route par où ils monteront vers leurs destins sacrés.

Elle dit, et l’innombrable essaim des Dieux, prenant son vol, disparaît dans le rayonnement de la nuit.

Alors s’avance une nef, où, debout près de leur chef, se tiennent cinquante guerriers, dont le désir du meurtre élargit les narines. Sur la proue, Murdoc’h se dresse pour mieux voir. C’est un Kambrien, traître à sa race. Il a courbé le front sous le joug du Dieu des temps nouveaux ; mais l’eau dont il a été baptisé n’a pas lavé ses mains sanglantes ; en changeant de foi, il n’a pas changé de cœur. Il reste un barbare ivre de sang, et il prêche, le fer à la main, la foi du jeune Dieu, qui, toujours doux et clément,