Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais sur l’océan voguait la Nef par qui tout est vivant et que les deux bœufs de Nevez traînaient de leurs cornes.

À cette vue, l’Avank, convaincu d’impuissance, se creva les yeux pour ne pas voir sa défaite et roula dans le gouffre. Alors le soleil sécha le sol, et mille ans plus tard la terre était de nouveau couverte d’hommes.

Mais, comme ils restaient tristes, la race des Purs désira voir d’autres cieux : elle quitta le berceau des clans antiques, le Pays de l’Eté.

L’innombrable tribu partit avec tentes, chars et troupeaux. Elle allait à travers l’étendue,


Laissant les os des morts blanchir sur ses chemins.


Une mer apparut, qui semblait la gardienne des mondes défendus aux vivants. La foule des Kymris, guidée par Hu-Gadarn, y jeta ses barques, et après sept jours de tempête elle aborda dans les saintes contrées : Cambrie, Armor, où croissent les guerriers et les chênes, Erinn, qui berce les aigles sur ses verts peupliers. Bravant marais et torrents, aurochs et loups, les Purs s’assirent enfin sous les divines ombres des forêts, qu’ils n’ont plus quittées.


Le Barde qui chante l’histoire de sa race se borne, on le voit, à rappeler deux faits : le déluge universel et la migration des Kimris.

C’est d’après une note de La Villemarqué qu’est contée l’histoire du déluge[1] :


  1. Les Romans de la Table ronde, p. 420.