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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/214

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Kynmri dans l’île de Prydain : ils [y] vinrent [de cette partie] du pays de Haf (le pays de l’été ou du midi) qui se nomme Deffrobani, et où est à présent Constantinople : ils arrivèrent à travers la mer brumeuse (la mer d’Allemagne) dans l’île de Prydain, et dans le pays de Lydau (l’Armorique), où ils se fixèrent[1].


Qui est ce Hu-le-Puissant, ce Moïse kimrique, qui conduit son peuple du pays de l’été jusqu’aux brumeuses régions du nord ? Les Triades qui parlent de lui en font non seulement un guide, mais un législateur. Elles lui attribuent l’honneur d’avoir enseigné l’agriculture aux Kimris, de les avoir constitués en tribus, de les avoir appliqués à la poésie, d’avoir posé toutes les bases de leurs institutions. C’est, d’après ces Triades, un si grand personnage que quelques savants, l’identifiant avec Hésus, ont voulu voir en lui le dieu suprême des Gallois[2], et il semble bien que Leconte de Lisle adopte cette hypothèse, puisqu’il fait vivre Hu-Gadarn mille ans avant la migration[3] et qu’il le représente comme celui qui contenait la mer dans ses digues.

Le malheur est que les Triades qui parlent d’Hu-Gadarn se trouvent toutes dans deux manuscrits dont le plus ancien est de la fin du xve siècle. Ce sont les plus récentes et les plus remaniées. La légende de ce personnage est donc sans doute de formation peu ancienne, et ce n’est


  1. Voir une autre traduction de ces Triades dans Loth, les Mabinogion, p. 251 et 271.
  2. Par ex. Le Blanc, Études sur le symbolisme druidique, Paris, 1849.
  3. Les Triades font bien Hu-Gadarn contemporain du déluge, mais elles placent le déluge après la migration.