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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/225

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épreuves décisives, plusieurs des magiciens s’obstinaient dans leur méchanceté, tout à coup la terre s’ouvrit pour les engloutir, et « avec eux furent abîmés beaucoup de gens de Temrah qui partageaient leurs erreurs », écrit le moine Jocelin[1].

Leconte de Lisle s’est autorisé sans doute de cette histoire pour engloutir, non plus seulement une partie de la population de Temrah, mais le palais du roi.

Et sans doute c’est une autre histoire racontée par le biographe du moyen âge, qui a encouragé le poète à modifier le dénouement du récit de La Villemarqué.

Le saint pontife, raconte Jocelin[2], partit pour aller prêcher la bonne doctrine à Milcho, son ancien maître. Celui-ci savait que la parole de Patrice était irrésistible. Il était sûr que cette éloquence de flamme ou quelque éclatant miracle le forcerait à se convertir. Mais il ne voulait pas s’humilier devant celui qui avait été son esclave. Plutôt que de subir un semblable affront, dès qu’il apprit l’arrivée de Patrice, il réunit toutes ses richesses, y mit le feu et se jeta dans les flammes, s’offrant lui-même en holocauste, comme Juda, aux furies infernales (instar Judae, infernalibus furiis holocaustum se fecit). Ce fut donc pour ne pas partager la foi de son esclave que l’ancien maître de Patrice se tua. Or, quel est pour ainsi dire le refrain du Murdoc’h de Leconte de Lisle, sinon : honte à une religion qui est une religion pour


  1. Acta Sanct., 2e vol. de Mars, p. 549-550.
  2. Ibid., p. 547.