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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/258

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ment de rage le bloc, impossible à rompre, de ces hordes qui après le combat se repliaient vers les monts, ce n’est pas seulement l’attitude soutenue en un jour décisif par l’armée chrétienne qu’ils nous rappellent, c’est toute l’histoire de la résistance opiniâtre de l’Espagne à ses envahisseurs :


Rien n’a rompu le bloc de ces hordes farouches.
Vers les monts, sans tourner le dos, lents, résolus,
Ils se sont repliés, rois, barons chevelus,
Soudards bardés de cuir, serfs et moines velus
Qui vomissent l’infect blasphème à pleines bouches.




LA TÊTE DU COMTE. — LA XIMENA. — L’ACCIDENT
DE DON IÑIGO[1]


Le dernier des grands conquérants de l’Espagne, Mohammed-al-Mançour, était mort à l’aurore du xie siècle. L’avant-dernière année du même siècle, mourait à Valence, arrachée par lui aux mains des Mores, celui qui mérita le nom de « reconquérant de l’Espagne », le fils de Diego Laynez, don Rui Diaz de Bivar. Mais dans la physionomie complexe créée au Cid par la légende greffée sur l’histoire, ce ne fut point le vainqueur des Mores qui intéressa Leconte de Lisle : ce fut le vassal insolent, ce fut surtout le meurtrier de Gomez Loçano. Était-ce parce que chez nous, depuis l’immortel chef-d’œuvre de Corneille, Rodrigue ne peut guère être autre, chose que le vengeur de son père et


  1. Poèmes barbares, LXIX, LXXI, LXX.