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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/261

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Il veut laisser cette impression qu’en Espagne comme en Bretagne, les convictions chrétiennes s’accommodaient d’une grande dureté de mœurs.

Tout compte fait, cette pièce a vraiment une fière ailure, et elle figure avec honneur dans le recueil des Poèmes barbares à côté du Cœur de Hialmar et du Jugement de Komor.


Il ne manque à la pièce intitulée la Ximena qu’un rythme mieux approprié au sujet. La Tête du Comte est en rimes tierces, comme la Vigne de Naboth, comme le Barde de Temrah, comme le Jugement de Komor, et il convenait, en effet, que ce poème affectât la forme d’une chanson héroïque. Pourquoi Leconte de Lisle n’a-t-il pas donné aussi cette forme aux deux autres romances empruntées par lui à la légende du Cid, comme il devait la donner plus tard aux trois romances qu’il tira de la légende de don Pèdre le Cruel ? On n’en voit pas bien la raison, et l’emploi de l’alexandrin à rimes plates dans la Ximena est certainement regrettable.

À cela près la pièce est belle, si elle est dépourvue, d’ailleurs, d’originalité. Entre plusieurs romances qui nous montrent Chimène allant demander au roi de la venger de Rodrigue et qui sont de dates diverses, Leconte de Lisle a choisi pour la refaire celle que le traducteur du Romancero intitule : Autres plaintes de Chimène et ce que le roi lui répond[1].


  1. Damas Hinard, t. II, p. 23.