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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/265

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Pour les costumes, la vieille romance lui fournissait un canevas assez développé. Mais voyez l’effet de quelques détails heureusement choisis ! Il suffit au poète de mettre des chevelures rousses aux gentilshommes, des harnais de cuir fauve à leurs mules, des plumes blanches à leurs toques, des souliers pointus à leurs pieds, une chemise de fer au cheval de Rodrigue, trois glands à son capuchon, pour que tout soit transformé :


Tous chevauchent sur des mules : Rodrigue, seul à cheval ; tous sont vêtus d’or et de soie : Rodrigue va bien armé ; tous ont l’épée au côté : Rodrigue, un poignard doré ; tous, une houssine chacun : Rodrigue, une lance à la main ; tous, des gants parfumés : Rodrigue, de bons gantelets ; tous, des chapeaux d’un grand prix ; Rodrigue, un casque d’acier, et ce casque est surmonté d’un bonnet écarlate.


Quatre-vingts fidalgos à chevelures rousses,
Sur mulets harnachés de cuir fauve et de housses
Ecarlates, s’en vont, fort richement vêtus :
Gants parfumés, pourpoints soyeux, souliers pointus,
Triples colliers d’or fin, toques à plumes blanches,
Les vergettes en main et l’escarcelle aux hanches.
Seul, Rui Diaz de Vivar, enfourche, roide et fier,
Son cheval de bataille enchemisé de fer.
Il a l’estoc, la lance, et la cotte maillée
Qui de la nuque aux reins reluit ensoleillée,
Et, pour parer le casque aux reflets aveuglants,
Un épais capuchon de drap rouge à trois glands.


Pour composer le reste du tableau, le modèle ne donnait plus à Leconte de Lisle que de sèches indications : « allant par bon chemin, devisant entre eux. » Mais son imagina-