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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/275

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souvent introduit plus d’histoire dans les vieilles romances. Cela est vrai, on l’a remarqué certainement, de plusieurs de celles qui viennent d’être signalées. Cela est plus vrai encore du rôle de Juan de Hinestrosa et du rôle de don Simuel.

Le premier était à peine ébauché dans la romance de la reine Blanche. Il prend chez Leconte de Lisle un long développement qui permet au poète de résumer le règne de don Pèdre et de dessiner une de ces nobles figures de gentilshommes loyaux que l’on rencontre à chaque page dans l’histoire d’Espagne.

Le roi rappelle au bon chevalier l’aide qu’il a toujours trouvée en lui contre ses frères sans cesse en révolte, et au nom de cette fidélité il lui demande de faire mourir la reine secrètement. Maib Juan Fernandez a voué au service du roi son épée, non son honneur : pour assassiner ou empoisonner, sa lignée est trop haute et son sang trop rouge ; qu’on emploie à cela un autre, si on le trouve ; d’ailleurs, sa vie est au roi. Le roi refuse cette vie, dont il a besoin, et il affecte de rire, comme si sa proposition eût été une épreuve.

Le rôle de don Simuel Lévi a été inventé de toutes pièces.

C’est le trésorier de Castille. Peu avant que le roi more vienne si fort à propos remplir les coffres de don Pèdre, Simuel fait le compte de ce qui reste dans le trésor : peu de chose. Il y a pourtant beaucoup de frais. Car les reîtres du Comte[1] recommencent à brûler les châteaux de


  1. Henri de Transtamare, frère de don Pèdre.