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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/287

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peupla les îles Chatam d’une colonie de Maoris qu’un orage avait emportés à sept cents kilomètres à l’est de la Nouvelle-Zélande.

Les Polynésiens n’émigreront plus : ils n’ont plus leurs pirogues, ils n’ont plus rien ; les blancs leur ont tout pris. Vont-ils même leur laisser la vie ? Telle est la question que se pose Quatrefages dans une note où il constate que la guerre s’est rallumée dans la Nouvelle-Zélande et où il ajoute avec indignation : « Dernièrement encore (je rappelle que ceci fut écrit en 1864), le Times racontait avec une joie peu déguisée que des mesures étaient prises pour la pousser avec la plus grande vigueur. Espérons que le triomphe des armes anglaises n’aura pas les suites terribles qu’il a eues ailleurs. Faire de la Nouvelle-Zélande une nouvelle Tasmanie, c’est-à-dire une terre où la race anglaise aurait en entier remplacé la race indigène, par suite de l’extermination totale de celle-ci (c’est Quatrefages qui souligne tous ces mots), serait un crime dont nous laissons juges nos lecteurs. »


Si Leconte de Lisle, désireux de condenser dans un poème, d’après les articles de Quatrefages, l’histoire de la race polynésienne, a choisi comme héros un Maori, c’est parce que la population de la Nouvelle-Zélande fut plus indignement décimée par les blancs que ne le fut celle des autres îles océaniennes. Il a même supposé, pour avoir un titre plus dramatique, que l’extermination totale de cette vaillante population par les Anglais était un fait accompli, et il a intitulé son poème le Dernier des Maourys.