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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/294

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Citons sans commentaires les morceaux qui ont sans doute servi de canevas au poète :

L’existence ordinaire des Peaux-Rouges est une oisiveté presque continuelle, dont la chasse, la pêche, les jeux et les danses viennent seuls interrompre la monotonie. Assis ou mollement étendus près de leurs wigwams, ils passent des journées entières plongés dans le dolce far niente, fumant dans leur pipe de stéatite rouge du knick-kneck, espèce de son, fait avec l’écorce d’un certain saule et qui a un goût délicieux… Tout en regardant s’évanouir dans l’air les blanches spirales de la fumée, ils laissent nonchalamment errer leur imagination, soit dans ces régions fantastiques où se trouvent les âmes heureuses après la mort, soit…

Le ciel est pour les Peaux-Rouges un beau pays de chasse, situé vers le Midi, jouissant d’un climat délicieux et d’un printemps perpétuel. Les prairies de cette terre promise sont remplies d’arbres, de fleurs, de verdure ; les buffles et les chevreuils s’y promènent en quantité ; on les tue facilement et sans verser de sang…

Les forêts plus ou moins vierges des grands déserts américains ne retentissent pas seulement au souffle imposant des tempêtes, au mystérieux murmure de la bise, le cerf y fait encore entendre son cri d’appel ou d’alarme, l’ours gris, le plus dangereux des animaux du Nouveau-Monde, répand la terreur autour de lui par un grognement terrible auquel se mêlent le miaulement de la panthère et le hurlement des loups ; le lièvre nain, encore inconnu à la plupart des naturalistes, ronge des plantes aromatisées qui croissent dans les anfractuosités des rochers ; le porc-épic prend son repas d’écorce de cyprès sur les jeunes branches ; le rat musqué s’amuse dans l’onde claire des ruisseaux ou des lacs solitaires ; l’écureuil saute de branche en branche jusqu’à la plus haute cime des pins ; la martre se cache dans le feuillage des arbres ; le blaireau creuse sa demeure