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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/296

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il se défend avec adresse, jette sur les yeux de son ennemi une ceinture de cuir et, pendant que l’animal cherche à s’en débarrasser, il le frappe au cœur. Quelquefois le cavalier désarçonné saute sur un buffle et continue ainsi la chasse. Elle ne s’achève jamais sans qu’il y ait des chevaux tués et des hommes blessés. L’attaque est si vive qu’en moins d’une demi-heure un troupeau de cent buffles est détruit. Ceux qui parviennent à sortir du cercle de fer où on les tient enfermés sont poursuivis et tués dans la plaine[1].

À quoi ressemblent ces plaines où chassent les Indiens ? Le voyageur nous le dit dans une autre page de son journal :


Les prairies du Texas ressemblent à celles des autres grands déserts américains, mais elles sont moins ondulées et plus fertiles. J’en ai traversé quelques-unes ayant plus de quatre-vingts kilomètres de longueur ; elles me paraissaient comme un océan d’herbes courtes et sombres où pas un buisson n’arrêtait la vue, où rien ne marquait un commencement ni une fin, où tout était immobile et muet[2].


C’est dans une de ces prairies que Leconte de Lisle nous transporte pour nous y faire assister au moment le plus pittoresque et le plus dramatique d’une chasse aux bisons, celui de la poursuite. S’il a exagéré le nombre des animaux qui, échappés à la première attaque, s’enfuient devant les chasseurs ; si, de sa propre autorité, il a mis à leurs trousses des loups blancs


  1. Voy.pitt., ch. XIII, p. 444-448
  2. Id., ch. III, p. 97.