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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/330

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Mon frère, ma dernière espérance ! je meurs.


Klytaimnestra.

À quoi sert de pleurer ? À quoi bon ces clameurs ?
Les cris n’éveillent point les morts.
………………Assez tant larmoyer sur eux !
Crains plutôt de gémir sur toi-même, insensée !


Mais c’est surtout l’entretien suprême de la mère et du fils qui tourne chez notre poète au mélodrame. Comme nous sommes loin de la scène eschyléenne, si grave, si poignante, si simple, la plus belle scène peut-être qui ait jamais été mise au théâtre ! Comme nous sommes près du dénouement de Lucrèce Borgia et des déclamations romantiques !

Klytaimnestra.

On ne peut pas tuer sa mère !


Orestès.

                                                  Tu n’es plus
Ma mère. C’est un Spectre effrayant qui t’accuse
Et qui te juge. Toi, tu te nommes la ruse,
La trahison, le meurtre et l’adultère…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Hâte-toi, hâte-toi, femme, si tu ne veux
Que je te traîne par les pieds ou les cheveux !


Je n’insisterai point sur la composition des Érinnyes. Les quelques changements apportés par Leconte de Lisle au plan de son modèle sont faciles à constater et non moins faciles à comprendre. À quoi tendent-ils pour la plupart ? À resserrer l’action, à hâter le mouvement, à remplacer