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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/332

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Dans un bouquet d’images, celles-là sont retenues qui sont les plus nobles :


Aujourd’hui enfin, après tant de peines, je puis le dire, dans mon bonheur : cet époux, il est pour moi ce qu’est le chien pour l’étable ; il est le câble sauveur du vaisseau, la colonne qui soutient le haut édifice, un fils unique aux yeux de son père, la terre qui se montre aux matelots désespérés, un jour resplendissant après la tempête, une source d’eau vive pour la soif du voyageur.


Voici l’homme ! Voici l’active Sentinelle
Du seuil, celui qui m’est plus doux et plus sacré
Qu’au lointain voyageur ardemment altéré
Le frais jaillissement de l’eau qui le convie !


Telle image prend un développement brillant :


Celle-ci qui m’a suivi est la fleur choisie parmi d’innombrables richesses.


Et le sang des héros a nourri cette fleur
Sur un arbre royal dépouillé feuille à feuille.


Telle autre image se vide de tout sens moral et devient purement plastique :


C’est la dixième année déjà, depuis que les deux grands adversaires de Priam, depuis que le roi Ménélas et Agamennon, ces Atrides, couple invincible qu’honora Jupiter d’un double trône, d’un double sceptre, ont levé l’ancre, et loin de cette contrée, ont emmené les mille vaisseaux de la flotte des Argiens, armement formidable ! Du fond de leur âme partait la clameur guerrière : on eût dit des vautours, à l’instant où, pleins d’une inexprimable angoisse, battant l’air des coups pressés de leurs ailes,