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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/358

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Toutes deux sont inspirées d’un récit d’Ovide (Mét., IX, 229), ou plutôt de l’imitation qu’André Chénier en a faite dans un fragment fameux, dont l’importance a été considérable, si vraiment, comme on l’a dit, il a éveillé chez Victor Hugo le sens de l’épopée :


Œta, mont ennobli par cette nuit ardente,
Quand l’infidèle époux d’une épouse imprudente
Reçut de son amour un présent trop jaloux,
Victime du centaure immolé par ses coups.
Il brise tes forêts : ta cîme épaisse et sombre
En un bûcher immense amoncelle sans nombre
Les sapins résineux que son bras a ployés.
Il y porte la flamme ; il monte, sous ses pieds
Étend du vieux lion la dépouille héroïque,
Et, l’œil au ciel, la main sur la massue antique,
Attend sa récompense et l’heure d’être un dieu.
Le vent souffle et mugit. Le bûcher tout en feu
Brille autour du héros, et la flamme rapide
Porte aux palais divins l’âme du grand Alcide !


Le titre d’Hèraklès solaire nous dit déjà d’avance que Lecontede Lisle a l’intention de nous faire reconnaître dans les travaux d’Hercule la vie du soleil. Et avec quelle clarté ne le fait-il pas ! Ces dragons qu’Hèraklès, à peine né, étouffe dans ses bras, ce sont les ténèbres de la nuit ; cette hydre, qu’il perce de ses flèches dans les marais de Lerne, c’est la brume, c’est l’humidité pestilentielle que dissipent les rayons purificateurs ; ces Centaures, avides de lui ravir sa Déjanire et qu’il immole de ses coups, ce sont les nuées et les orages ; ces flammes de pourpre au sein desquelles il meurt dans l’éclat d’une apothéose, ce sont les splen-