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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/36

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homme en l’honneur des Immortels ; mais Indra déroba la victime au moment où l’on avait déjà versé sur elle les eaux lustrales. Le sacrificateur dit au roi : « Les dieux frappent un roi qui n’a pas su garder le sacrifice ; le sacrifice commencé doit s’accomplir ; il faut retrouver la victime ou en acheter une autre. »

Ambarîsha parcourut les villages et les villes, les plages et les forêts ; il entra dans les ermitages. Il vit enfin un brahme, nommé Ritchîka, pauvre, ayant beaucoup d’enfants, « qui trouvait son plaisir dans la pénitence et dans la sainte lecture des Védas ». Ambarîsha lui demanda comment il se portait et après toutes les (autres politesses d’usage il le pria de lui donner un de ses fils pour cent mille vaches, expression qui ne doit pas être prise à la lettre, mais signifie une récompense immense.

Le brahme répondit : « Je ne consentirai jamais à vendre l’aîné de mes fils. » Sa femme ajouta : « Et moi, je ne consentirai pas à vendre le plus jeune. »

Çounaççépha, que l’âge plaçait entre les deux, se leva alors : « Mon père, dit-il, ne veut pas vendre l’aîné, ma mère ne veut pas vendre le plus jeune ; je pense que c’est dire : mais on veut bien vendre celui qui est entre les deux. Ainsi, ô roi, emmène-moi d’ici promptement. »

Le roi, joyeux, donna les cent mille vaches et emmena Çounaççépha sur son char.

Au milieu du jour, on fit halte près du bois Poushkara, non loin de l’ermitage de l’illustre anachorète Viçvâmitra. Çounaççépha, le cœur déchiré par la douleur d’avoir été vendu et par la fatigue du voyage, implora le secours de l’anachorète.