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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/367

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s’est sans doute fondu avec d’autres légendes et que l’histoire de la rivalité de Latone et deNiobé est probablement celle de deux divinités locales, une déesse de Délos et une déesse de Thèbes. (L’histoire de cette rivalité s’est greffée ensuite sur celle de la lutte, autrement plus importante, des deux grandes religions ennemies, la religion des Titans et la religion de Zeus.) Ovide est seulement un narrateur et un peintre. Pour lui, Niobé n’a été qu’un type de l’orgueil maternel et l’histoire de ses malheurs n’a été qu’un sujet de drame. Mais s’il a conduit le drame avec un art consommé, s’il a ménagé admirablement l’intérêt, s’il a su varier sans aucune recherche l’attitude et les blessures de tant de mourants, ne doit-on pas se déclarer satisfait ?


Leconte de Lisle a complètement modifié les circonstances dans lesquelles se produit le blasphème de Niobé, sans que ce changement-ci intéresse le sens de l’histoire. Il n’a mis dans le début de son poème aucun symbolisme : il y a fait seulement de l’archéologie.

Les jeux isménéens viennent de finir. La foule s’achemine vers Thèbes par les routes poudreuses. L’olivier ceint le front des vainqueurs. Des chars d’airain ramènent à la ville les vieillards drapés dans la pourpre et la laine, les jeunes gens qui font jouer la lumière sur leurs casques polis. Bientôt le palais d’Amphion s’ouvre pour recevoir l’élite des étrangers : les serviteurs du roi servent l’orge et l’avoine aux chevaux dételés et, recouvrant les chars de laines protectrices, les inclinent doucement contre les murs. Les héros se baignent dans de larges conques d’or,