Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/373

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la religion de Zeus, mais toute espèce de religion. L’auteur de Niobé ne désespère pas pourtant qu’un jour vienne où la raison ne perdra plus ses enfants : ce sera le jour où le feu s’éteindra sur les autels de Zeus et où les hommes se remettront sous la tutelle des anciens dieux, des Titans. Or, ces dieux, leur titre de fils de la Terre ne dit-il pas, à lui seul, que ce sont des hommes, les meilleurs des hommes, les hommes de génie, les savants, les philosophes, les législateurs, les artistes, les poètes ?

Le symbole n’est pourtant pas si précis qu’on ne puisse voir peut-être, si l’on veut, dans Niobé le génie humain : il a réussi à vaincre les dieux, c’est-à-dire la nature, par le nombre et la beauté de ses œuvres ; mais la nature, pour se venger, efface les couleurs, brise les marbres, ensevelit les pierres dans le sable, use le livre où sont conservés les beaux vers, consume toutes les institutions utiles. C’est là une tout autre interprétation du poème. Mais les meilleurs symboles ne sont-ils pas ceux qui ont une certaine élasticité et comportent plusieurs sens ?

KHIRÔN[1]


Si le sens général de Khirôn est facile à saisir, je ne me flatte pas de comprendre tout ce que Leconte de Lisle a pu vouloir mettre de pensée dans ce long poème.

Apollonius de Rhodes raconte qu’au moment où les Argonautes quittaient le rivage de la Grèce pour aller à


  1. Poèmes antiques, XXVII.