Aller au contenu

Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle le conduit dans la salle du festin.

Le chœur des compagnons de Paris chante la jeunesse et l’amour ; le chœur des compagnons d’Hélène répond par l’éloge de la chasteté. Les Troyens chantent aussi la chaude et riche Asie ; mais Démodoce leur prédit la chute d’Ilios, dont les vents emporteront la poussière, et le triomphe de la Grèce, flambeau du monde.

Hélène et Paris sortent de la salle du festin. Il la presse de le suivre, il le lui ordonne au nom d’Aphrodite. Elle appelle à son secours Zeus, les Dioscures, Pallas ; elle chasse Paris, elle le hait. Mais tout à coup son cri de haine se change en un cri d’amour. C’est en vain que sa bouche le nie : elle aime, elle se complaît dans cet amour ignominieux, étonnée que les inexorables destins ne cessent d’incliner au mal les mortels misérables. Et Démodoce, ayant entendu cet aveu, refait, en l’appropriant à la situation, l’immortel chœur de Sophocle sur la puissance irrésistible d’Éros.

Mais Hélène succombe sous le poids de la douleur ; sa force l’abandonne, son cœur cesse de battre, son œil aperçoit déjà le fleuve des enfers, et devant cette agonie Paris se désole : plutôt que de voir Hélène expirer, il désobéira aux Dieux qui veulent qu’elle soit à lui. Il repart et Hélène respire.

Elle reste sombre toutefois, car son oreille a gardé le son de la voix du jeune homme et l’irrésistible grâce de l’absent est toujours devant ses yeux. Elle demande les conseils de Démodoce, et il lui affirme que les Dieux, auteurs de nos travaux, mesurent toujours nos maux aux