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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/53

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Puissent-ils, Yama ! jusqu’au dernier réveil,
Dans la vallée et sur les monts perdant nos traces,
Nous laisser voir longtemps la beauté du soleil !


C’est aussi la peur du trépas, symbolisé dans les chiens d’Yama, que le poète exprime sept fois dans son refrain aux formules différentes, mais équivalentes :


Berger du monde, clos les paupières funèbres
Des deux chiens d’Yama qui hantent les ténèbres.

Que le Berger divin chasse les chiens robustes
Qui rôdent en hurlant sur la piste des justes !

Berger du monde, apaise autour de lui les râles
Que poussent les gardiens du seuil, les deux chiens pâles.

Que le Berger divin comprime les mâchoires
Et détourne le flair des chiens expiatoires !

Berger du monde, aveugle avec tes mains brûlantes
Des deux chiens d’Yama les prunelles sanglantes.

Que le Berger divin écarte de leurs proies
Les chiens blêmes errant à l’angle des deux voies !

Berger du monde, accours ! Éblouis de tes-flammes
Les deux chiens d’Yama, dévorateurs des âmes.


Autant de variantes d’une phrase que le poète a cueillie dans un hymne à Indra, au premier volume du Rig-Véda, par conséquent très loin des pages où se trouvent, à peu de distance l’un de l’autre, les trois hymnes funèbres qu’il a combinés pour en faire le sien : « Endors les deux funestes

jumelles, qu’elles reposent sans s’éveiller[1]. » Qui sont ces

  1. Langlois, t. I, p. 49.