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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/70

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Or cette voix, grave, paisible, immense, que disait-elle ?

Elle disait d’abord, mais avec infiniment moins d’ambages et de circonlocutions ce que le sage Maîtreyâ explique à Vidura, déjà nommé, le réveil de l’énergie de Bhagavat et la formation de l’œuf qui contient tout en germes :


Au commencement, cet univers était Bhagavat, l’âme et le souverain maître de toutes les âmes ; Bhagavat existait seul sans qu’aucun attribut le manifestât, parce que tout désir était éteint en son cœur.

Alors, il regarda, et il ne vit rien qui pût être vu, parce que lui seul était resplendissant ; et il songea qu’il était comme s’il n’était pas, parce que son regard était éveillé et que son énergie sommeillait.

Or, l’énergie de cet être doué de vue, énergie qui est à la fois ce qui existe et ce qui n’existe pas [pour nos organes], c’est là ce qui se nomme Mâyâ, et c’est par elle, illustre guerrier, que l’Être qui pénètre toutes choses créa cet univers…

Reconnaissant l’état de ces énergies sorties de lui qui restaient isolées les unes des autres et en qui sommeillaient les moyens de créer l’univers,

Le souverain Seigneur, dont la puissance est immense, portant avec lui son énergie divine, que le temps avait manifestée, pénétra d’un seul coup la réunion des vingt-trois principes…

Les vingt-trois principes, dont l’activité était éveillée, mis en mouvement par le Destin, engendrèrent de leurs propres éléments Adhipurucha

Ce Purucha, qui était d’or, habita pendant mille années sur les eaux, renfermé dans l’intérieur de l’œuf [de Brahma] et réunissant en lui toutes les existences[1].

  1. Liv. III, ch. V et VI ; trad. Burnouf, t. I, p. 327 et suiv. — Voir aussi, sur l’œuf, liv. III, ch. XXVI.