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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/90

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bon pour qui t’aime. — Le dieu promit sa protection, « et, d’une seule main, soulevant le mont Gôvardhana de sa base, il le soutint en l’air aussi facilement qu’un petit enfant soutient un champignon. » Bhagavat invita alors les bergers à se mettre sous la montagne, eux et leurs troupeaux : ils n’avaient pas à craindre que l’énorme masse vint à lui échapper de la main. Les bergers, rassurés, se blottirent sous l’abri original qui leur était offert, et le dieu, « insensible aux souffrances de la faim et de la soif, indifférent à son propre bien-être, soutint la montagne pendant sept jours, sous les yeux des habitants du parc, sans bouger de place ». Indra dut renoncer à son dessein[1].

Leconte de Lisle abrège tout cela. Il se garde d’appeler le dieu Krichna, afin de ne point dérouter le lecteur français, si peu familier avec ces légendes. Il suppose, pour accroître le prodige, que le déluge est universel et que Bhagavat porte la montagne, non sur la main, mais sur un seul doigt. Enfin, sachant le pouvoir d’un mot mis à sa place, il fait du nom de la montagne le dernier mot du récit :


Le jeune Bhagavat, dans la fleur de l’enfance,…
Voulant sauver la Terre encore féconde et belle,
Soutiendra d’un seul doigt, comme une large ombrelle.
Sous les torrents du ciel qui rugiront en vain,
Durant sept jours entiers, l’Himalaya divin !


Dans la troisième histoire contée par les musiciens


  1. Trad. Burnouf, t. IV, p. 249.