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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/92

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Le sourire animait le lotus de ses yeux ;
Et dans ses vêtements, jaunes comme la flamme,
Avec son large sein où s’anéantit l’âme,
Et ses bracelets d’or de joyaux enrichis,
Et ses ongles pourprés qu’adorent les Richis,
Son nombril merveilleux, centre unique des choses,
Ses lèvres de corail où fleurissent les roses,
Ses éventails de cygne et son parasol blanc,
Il siégeait, plus sublime et plus étincelant
Qu’un nuage, unissant, dans leur splendeur commune,
L’éclair et l’arc-en-ciel, le soleil et la lune.
Tel était Bhagavat, visible à l’œil humain.
Le nymphéa sacré s’agitait dans sa main.
Comme un mont d’émeraude aux brillantes racines,
Aux pics d’or, embellis de guirlandes divines,
Et portant pour ceinture à ses reins florissants
Des lacs et des vallons et des bois verdissants,
Des jardins diaprés et de limpides ondes.
Tel il siégeait. Son corps embrassait les trois Mondes,
Et de sa propre gloire un pur rayonnement
Environnait son front majestueusement.


Bien que Leconte de Lisle eût déjà décrit le dieu par la bouche de Ganga, il n’a point été embarrassé pour le décrire de nouveau ; car il trouvait dans le Bhagavata-Purana dix à vingt portraits de Visnou et, malgré d’inévitables redites, les détails nouveaux étaient dans chacun assez nombreux pour que le poète ne fût pas exposé à se répéter. La description que nous avons ici a été faite comme celle qui se lit au début de la Vision de Brahma : elle combine ingénieusement des fragments empruntés à trois de ces portraits de Visnou.