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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/96

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Ce poème est imité du commencement d’une prière qu’on chante dans les pagodes de Siva. Leconte de Lisle en avait trouvé la traduction dans les Poésies populaires du Sud de l’Inde, par E. Lamairesse[1].

La supériorité de Siva sur Visnou et sur Bhrama est hautement affirmée dans cette prière :


Ô vous qui prétendez que Siva est absorbé dans la Trimourti de Brama, Vichnou et Routera, ignorez-vous que Brama, qui a l’éloquence divine, et Vichnou de la race des Bergers, ne purent à eux deux embrasser toute la grandeur de Siva ? Comment voulez-vous que Siva, qui leur est supérieur, soit l’un d’eux ?


Mais c’est surtout le début de l’hymne qui a frappé Leconte de Lisle par une sauvage grandeur. Siva y est représenté comme devant survivre, non seulement au Brahma et au Visnou d’aujourd’hui, mais à tous les millions de Brahmas, à tous les millions de Visnous, qui sont encore à naître, et non pas à eux seuls, mais à la terre et à la mer ; alors Siva, s’étant fait un collier de toutes les têtes des dieux morts, chantera et dansera avec un plaisir ineffable :


Le temps pendant lequel se succéderont plusieurs millions de Devendera (dieu du ciel), après avoir vécu chacun la durée marquée pour leur vie, le temps dans lequel plusieurs Brama mourront, celui après lequel Vichnou cessera d’exister, tous ces temps ne sont même pas un des moments de Siva.

Quand viendra le temps où la mer, la terre, l’air, le feu et le vent doivent être anéantis, plusieurs millions de Vichnou, qui


  1. Paris, Lacroix, 1867 ; p. 304 : Hymne à Siva.