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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/27

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vise uniquement la translation des reliques et l’établissement du Landit à Aix-la-Chapelle. La seconde a pour but d’expliquer comment les reliques se trouvent à Saint-Denis et de justifier la légitimité du Landit qui a lieu dans cette ville », et il ajoute[1] : « Il semble donc probable que l’abbaye de Saint-Denis, voulant justifier ses prétentions, sans nier les droits acquis d’Aix et de Compiègne[2], se borna à rééditer la légende composée à Aix, en y ajoutant une seconde partie destinée à expliquer comment les reliques avaient pu être transférées chez elle. »

M. Joseph Bédier qui, dans ses Légendes épiques[3], étudie à nouveau la question de l’origine et de l’âge de la Descriptio, dit qu’elle fut composée seulement après 1110[4] par les moines de l’abbaye de Saint-Denis. Ils voulaient ainsi justifier la prétention qu’ils avaient émise de participer à la fête instituée en 1109, par l’évêque de Paris, pour honorer la relique de la vraie croix qu’Anseau, chantre du Saint-Sépulcre, avait donnée l’année précédente à cette église. Une procession partant de Notre-Dame portait à travers Paris et une partie de sa banlieue nord la relique de la vraie croix, et s’arrêtait sur un terrain de l’évêque voisin du territoire de Saint-Denis. L’abbaye, voulant avoir part aux bénéfices que pouvait procurer cette fête, composa donc la Descriptio, d’après laquelle Charlemagne lui-même aurait établi le Landit « en la IIII fere de la seconde

  1. Revue des langues romanes, t. XXXVI (1892), p. 433.
  2. Dès le xie siècle, Compiègne possédait le suaire de Notre-Seigneur et la tradition voulait qu’il fût dans l’abbaye de Saint-Corneille depuis 877. Voir U. Chevalier, Étude critique sur l’origine du saint Suaire de Lirey-Chambéry-Turin (Paris, 1900, in-8o), p. 18.
  3. T. IV, p. 121-141.
  4. Joseph Bédier, Légendes épiques, t. IV, p. 139.