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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/37

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trouvé « en mémoire », c’est-à-dire dans un document historique ou jugé comme tel, de renseignements sur l’enfance de Charlemagne, il ne veut pas cependant paraître ignorer ou négliger ce que tout le monde admettait alors, que Charlemagne avait été dans son enfance en Espagne chez Galafre, le roi de Tolède ; il y fait alors discrètement allusion en deux lignes.

Un autre passage des Grandes Chroniques[1] est la preuve que Primat ne négligea pas non plus les sources orales qu’il put recueillir. Comme il vient de nous apprendre, d’après les Annales royales, que Charlemagne transporta en France un grand nombre de familles saxonnes, il veut nous indiquer, d’après la tradition admise à son époque, dans quelle région elles furent établies, et il ajoute au texte qu’il vient de traduire : « De cele gent (c’est-à-dire des Saxons) sont né et atrait, si com l’on dit, li Brebançon et li Flamenc, et ont encores aucuns cele meesme langue. » Nous voyons par là, qu’au xiiie siècle, on admettait que les Saxons déportés par Charlemagne furent établis sur les côtes de la mer du Nord où, se multipliant, ils donnèrent naissance aux Flamands. Bien que dans les documents nous ne trouvions aucune confirmation de ce qu’avancent les Grandes Chroniques[2], nous pensons néanmoins que la tradition rapportée par Primat ne doit pas être rejetée. Sans admettre que toute la Flandre fut peuplée par les Saxons transplantés par Charlemagne, rien ne s’oppose à ce qu’il en ait déporté un grand nombre dans ces régions

  1. P. 100.
  2. Voir Louis Halphen, Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 210, et Ferdinand Lot, Les migrations saxonnes en Gaule et en Grande-Bretagne, dans la Revue historique, t. CXIX (1895), p. 21-22.