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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/54

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vons[1] ; en celui ost furent li Saine en l’aide le roi ovec les autres nations qui à lui estoient obeissanz, ja soit ce que il ne le feissent pas de bone volenté, car il le fesoient plus par paor que par amor. La raison pour quoi li rois enprist cele guerre contre les Esclavons, si fu pour ce que il grevoient les Abrodiciens[2] qui aus François s’estoient alié lons tens devant. Pour ce sembloit au roi que il fust tenuz à els aidier contre lor anemis ; si en estoit li rois encores plus esmeuz, pour ce que il ne voloient cesser à son mandement.

En ces parties corut un braz de mer, si naist de la grant mer d’occident et cort droit vers orient[3] ; si lons est que nus n’est certains de sa longuor ; en aucuns lieus a c miles de large, et en aucuns mains. Sor ce braz de mer habitent maintes manieres diverses de genz, Thanisien, Soissonois, que nous apelons Normanz[4]. Cist tienent les rivages et les ysles par devers septentrion ; ceus par deça tienent les Esclavons et li Haist et maintes autres nations[5]. De totes ces manieres de genz sont plus noble et plus puissant li Esclavon, ausquiex li rois apareilloit bataille ; contre els se conbati et chastoia si et donta à sa premiere venue que il

  1. Les Esclavons ou Slaves étaient venus jusque sur l’Elbe et sur la Saale. Éginhard ajoute que les Francs leur donnaient alors le nom de Wilzes.
  2. Les Abridotes, peuple slave qui habitait la partie de l’Allemagne correspondant au Mecklembourg et à l’ancien pays du Holstein nommé la Wagrie.
  3. C’est la partie sud-ouest de la mer Baltique.
  4. « Dani siquidem ac Sueones, quos Nortmannos vocamus » (Éginhard).
  5. « At littus Australe, Sclavi et Aisti, et aliæ diversæ incolunt nations » (Éginhard). Les Aistes ont donné leur nom à l’Esthonie.