Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reçut et prist à garantir contre ses anemis. Le peuple de Pampelune fu moult troublé et les bourgois esbahis quant il sorent que ceulz qui les devoient garantir s’estoient fuiz. Les nouvelles en vindrent au conte d’Artois des traitres qui ainsi s’en estoient alez, si en fu corroucié, car il avoit enpensé qu’il les presenteroit au roy de France. Les eschevins de Panpelune manderent au conte d’Artois que volentiers s’accorderoient à lui. Quant le conte oy ce, il envoia le connestable.

Si comme il parloient ensemble en quel forme il feroient pais et en quel maniere[1], la pietaille couroient aus armes et aus murs et aus defenses de la cité pour ce que l’en parloit de pais. Si entrerent maugré leur capitaine qui les encontredirent tant comme il porent[2] ; si roberent et pristrent quanqu’il porent trouver, et occistrent hommes et femmes, aussi comme se ce fussent Sarrazins, et prenoient à force les pucelles et les veuves femmes, et se coucherent avec elles et puis les despueillerent et tollirent quanqu’il avoient, et n’espargnierent ne eglise ne moustier ; ains s’en vindrent à la tombe le roy Henri qui gisoit en l’église Nostre Dame. Si cuidierent que elle fust d’or ou d’argent ; si la despecierent toute et esrachierent par pieces et par morsiaus. Le conte d’Artois fist crier à ban par tout l’ost et en la cité, qu’il se tenissent en pais et qu’il

  1. G. de Nangis dit que les habitants de Pampelune se réfugièrent dans la cathédrale : « Et propter hoc pavore exterriti ad magnam ecclesiam beatæ Mariæ confugerant. »
  2. G. de Nangis dit que les hommes forment cette « piétaille » n’étaient pas des Français : « Nec fuerunt isti valoris homines nec nati de Francia, sed de terra Gasconis de Biardo, et Fuxinensis comitis Albigenses ». Cf., sur le pillage de Pampelune, G. Anelier, op. cit., vers 4685 à 4775.