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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/355

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Valoys et Phelippe conte d’Evreux et le marquis d’Anconne[1], et le duc de Bretaigne[2] ; avec eulz moult de dux, contes, barons, chevaliers et serjans, vers Courtrai[3] i grant ost assambla et si noble, que de grant temps devant passé, ne fu d’aucun roy de France tel noble ost de François assamblé. Et adonc, comme ylec parvenissent, si fichierent leurs très et leurs tentes, et ylec se logierent ; car adecertes oultre ne pooient passer pour l’yaue du fleuve près d’ileques courant, que l’en appelle le Lis, où il n’avoit nul pont par là où il peussent passer. Et vraiement, comme le roy de France et de Navarre Loys fust ylec avec son très bel ost, ordenant pour faire apparissant voie à passer le fleuve du Lis pour soy combatre as Flamens qu’il convoitoit de très grant ferveur d’outrageux courage ; lesquiex Flamens, de l’autre partie, outre ledit fleuve du Lis estoient assemblés a grant ost ; le temps trop pluieux nostre roy et les siens destourbans à parfaire ce qu’il avoient entrepris, tellement le contraint, que en ycelui ost, la boe si grant estoit et tant grant chascun jour pour la pluie enforcant et croissant, que si comme il fu dit pour voir, les hommes et les chevaux en la boe et ou fiens, en aucuns lieux, a par i pou, jusques aus genoulz estoient ; pour laquelle chose, les viandes ne

  1. Bertrand de Got, marquis d’Ancône, vicomte de Lomagne et d’Auvillar, neveu du pape Clément V.
  2. Jean III dit le Bon (1312-1341).
  3. La Continuation de Géraud de Frachet et Jean Desnouelles (Rec. des Hist., t. XXI, p. 44 et 197) ainsi que la Continuation de G. de Nangis et Gilles le Muisit, Chronique et annales, éd. Lemaître, p. 86, désignent Bondues (Nord, arr. de Lille, cant. de Tourcoing) comme le lieu de rassemblement de l’armée de Louis X.