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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/73

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entré ou siege son pere, si commença à estudier en bonnes meurs et en bonnes euvres. L’en treuve en escripture que la felonnie du pere fait trebuchier ce dessus dessous la maison au filz, et quant le pere est homme sanz felonnie, la maison du filz est plus seure et plus ferme. Ceste grâce fist [nostre Sire au bon saint roy Loys][1] quant il mist Phelippe son filz en son siege et en son throsne, si comme il fu dit à David. Si custodierint filii tui testamentum meum et testimonia mea hec que docebo eos, et filii eorum usque in seculum sedebunt super sedem tuam[2]. C’est à dire, « Se tes enfans gardent mon commandement et font ce que je leur commande à faire, toute leur ligniée sera sage et serra en ton siege et en ton trosne. » Aussi fist le roy Phelippe ; il n’oblia pas ce que son pere li commanda quant il fu et en sa derreniere volenté et qu’il usast du conseil des sages hommes. Il usa du conseil maistre Macy[3] abbé de Saint Denis qui estoit homme religieus et aorné en sapience, et li bailla toutes les causes et les besoignes de son roiaume en la maniere que son pere le faisoit.

Puis que sa femme fu deviée[4], il ne voult estre sanz penitence, car il vestoit la haire et le haubert dessus pour ce qu’il peust miex sa char estraindre et chastier ; avec tout ce qu’il geunoit et faisoit grant abstinence de

  1. Nous avons donné les mots entre crochets d’après la leçon du Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 491.
  2. Psaume CXXXI, verset 12.
  3. Mathieu de Vendôme. Sur le rôle qu’il joua pendant le règne de Philippe III, voir Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 41.
  4. Deviée, morte.