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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/97

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la desloyauté que le roy d’Espaigne[1] avoit faite à sa suer. Si li envoya messagiers et li manda qu’il li envoiast ses neveus et qu’il assenast douaire souffisant à leur mere ; et s’il ne vouloit ce faire, il li mandoit bien qu’il courroit sus sa terre et qu’il en prendroit vengance. Les messagiers vindrent au roy d’Espaigne, et le requistrent de par leur seigneur qu’il envoiast les enfans au roy de France leur oncle et qu’il tenist les convenances qu’il leur avoit juré et promis. Quant le roy ot oy les messages, il respondi paroles d’orgueil et de boban, et dist qu’il n’en feroit riens de quanque le roy de France li mandoit. Les messages le deffierent et li distrent bien qu’il en verroit encore sa terre gastée et arse. Lors se mistrent au chemin et raporterent nouvelles de ce qu’il avoient trouvé.

Le roy manda tantost touz les haus hommes de son royaume, et il vindrent de toutes pars ; neis plusseurs barons d’Alemaigne vindrent pour veoir et pour la grant amour qu’il avoient au roy de France, si comme le conte de Bar, le duc de Breban, le conte de Juilliers, le conte de Lucembourc[2] et plusseurs autres.

Quant le roy ot apresté sa besoigne, il vint à son patron, le corps saint monseigneur saint Denis et prist congié à li, et demanda l’oriflambe[3]. L’abbé li mist en

    Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 502 à 505. Cf. Chronique de Primat (Ibid., t. XXIII, p. 97-98). Voir sur cette campagne Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 105-106.

  1. Alphonse X, roi de Castille.
  2. G. de Nangis dit que le duc de Bourgogne se joignit aussi au roi : « Ducem Burgundiae qui de jure tenebatur », mais il ne parle pas du comte de Luxembourg.
  3. Ce fut vers la fin de juillet 1276 que Philippe III alla chercher l’oriflamme à Saint-Denis (Langlois, op. cit., p. 105).