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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/108

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Quant le roy ot oye ceste parole, il ot très grant joie et se leva et l’acola en disant : « Qui m’amera si me suive. » Et adonques fu crié que chascun selon estat fust appareillié à Arras à la feste de la Magdalene[1]. Toute voies les bourgois des bonnes villes ne s’armerent pas ; mais lesdiz bourgois et les bonnes villes aiderent au roy d’argent, et demourerent pour garder leurs citez et leurs bonnes villes de par le roy.

Après ce, le roy si prist aucuns de ses familiers et s’en ala par la ville de Paris à pié, et visita une grant partie des eglises de ladicte ville ; et depuis il visita les maisons Dieu, et là fist-il moult de euvres de misericorde, comme de baisier les mains des povres, de leur administrer viandes et de leur donner grans aumosnes. Toutes lesquelles choses faites moult devotement, assés tost après il se parti de Paris et s’en ala à Saint Denis. Là fu en très grant devocion, et fist ouvrir le lieu où les corps de monseigneur saint Denis et de ses compaignons reposent. Et quant ledit lieu fu ouvert, ledit roy Phelippe, meu de grant devocion, osta son chaperon et sa coiffe et ala querre les dis corps sains de monseigneur saint Denis et de ses compaignons et les aporta l’un après l’autre sur leur autel ; et samblablement fist-il du corps monseigneur saint Loys et le mist emprès les corps sains devant. Depuis, fist chanter la messe devant lesdiz corps sains par l’abbé de la dicte eglise, Guy[2] ; laquelle chantée,

  1. Le rassemblement fut fixé à Arras non à la Madeleine, mais au dimanche après les octaves de la Madeleine, soit au 31 juillet (J. Viard, La guerre de Flandre, 1328, dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. LXXXIII (1922), p. 364).
  2. Guy de Castres, qui, élu abbé en mars 1326, se démit de