Aller au contenu

Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

[1]Item ou temps ensuivant et en ceste presente année, messire Jehan de Cherchemont[2], chancelier du roy de France, très sage es choses seculieres et très convenable es cours du pape et du roy, en vivres très delicieux, en port, en maniere au jugement de pluseurs très orgueilleux, avint qu’il volt partir pour aler veoir une chapelle de chanoines, laquelle il avoit faite edefier, là où il avoit esté nez : c’est assavoir en la dyocèse de Poitiers. Et aloit là plus pour son nom magnifier que pour le nom de Dieu honnorer, si comme plusseurs disoient et le creoient. Mais Dieu juge des cuers des hommes et à lui seul apartient et non à autre. Si avint de par la permission de Dieu que ledit messire Jehan de Cherchemont, très ce qu’il fu entré ou dyocèse de Poitiers, ouquel il avoit esperance d’avoir très grans honneurs, sanz parler à aucune personne, il mourut soudainement[3]. Le scel du roy fu porté au roy, et le corps fu enterré par la main de l’evesque de Poitiers en la chapelle que ledit messire Jehan avoit fondée.

Item, en ce meismes an le roy de France Phelippe envoia par devers le roy d’Angleterre certains mes-

  1. Chronique de Richard Lescot, § 16 à 20, et Continuation de G. de Nangis, t. II, p. 104 à 106.
  2. Jean de Cherchemont, membre du Parlement dès 1314, succéda à Pierre de Chappes comme chancelier de France en février 1321, charge qu’il occupa jusqu’à l’avènement de Charles IV le Bel. Rétabli dans ses anciennes fonctions dès le 19 novembre 1323, après Pierre Rodier, il les conserva jusqu’à sa mort 25 octobre 1328 (Lucien Perrichet, La grande chancellerie de France des origines à 1328, p. 535-536).
  3. « Le mardi devant la feste de Toussains », soit le 25 octobre 1328 (Chronique parisienne anonyme, § 185).