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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/141

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endementres que ledit Loys de Baviere fu resident en Alemaigne, ledit antipape ne se osoit pas bien monstrer manifestement, mais s’en aloit en tapinage et ses cardinaux et ledit frere Michiel qui avoit esté general des Freres Meneurs, par çà et par là en divers lieux.

En ce meismes temps du admené à Avignon i Frere Meneur qui avoit à non Veran, de Prouvence nez, pour ce que ledit frere Veran devoit avoir publiquement preschié, si comme l’en disoit, contre la personne du pape. Lequel frere fu admené devant le pape, mais il ne li fist onques reverence, ainçois li dist qu’il estoit vray herite et non pas pape ; et pour ceste verité il desiroit mourir. Lors li fu demandé quelle cause le movoit de dire telles paroles au pape ? Lequel respondi et s’adresca à la personne du pape et li dist : « Car tu destruis la povreté de l’Euvangile, laquelle Jhesu-Crist enseigna par parole et par exemple. » Pour laquelle response il fu mis en prison, et aveques li xv autres Freres Meneurs.

En ce temps, appella le roy Phelippe en la ville de Paris touz les prelas du royaume sus les excès de eulz et de leurs officiaux corrigier[1]. Adonques furent produis moult de cas devant touz contre les prelaz, de par le roy et des seigneurs temporex, lesquiex sembloient moult de près touchier la jurisdiction des prelaz. Et y ot grant doubte de plusseurs que le roy ne vousist

  1. Il s’agit de l’Assemblée de Vincennes de 1329. Voir sur elle : Jules Roy, Conférence de Vincennes et conflits de juridiction (1329-1350), dans Mélanges Léon Renier, Bibliothèque de l’École des Hautes Études, fasc. 73, 1887, p. 339 et suiv., et surtout : Olivier Martin, L’Assemblée de Vincennes de 1329 et ses conséquences, Paris, Picard, 1909, in-8o.