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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/158

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dilacion, en promettant que à ycelle il vendroit personnelment, et de tout ce que l’en li avoit mis sus, il se purgeroit bonnement. Et après ce qu’il orent ainsi fait leur message, le roy de Boesme et Jehan l’ainsné filz du roy de France et duc de Normandie, aveques moult d’autres barons, s’agenoillierent devant le roy et li demanderent qu’il li pleust à ottroier audit messire Robert jusques à la quarte dilacion[1] et que ses biens ne fussent pas confisquiez durant le dit terme. Laquelle requeste le roy ottroia de grâce especial jusques au moys de may. Et lors vint une damoiselle, laquelle dit en la presence du roy, que la femme messire Robert d’Artois, laquelle estoit suer du roy de France, estoit plus coupable que son mari.

Item, en ce meismes an, frere Pierre de la Palu patriarche de Jherusalem, si retourna au soudan[2] auquel il avoit esté envoié, et commença à conter l’obstinacion du soudant contre les crestiens, et esmut par tel manière le cuer et la volenté du roy et des barons, qu’il furent touz d’un acort d’aler oultre mer pour recouvrer la Sainte Terre. Quant le pape sot ces choses, à la requeste du roy il manda et commist au patriarche et à touz prelaz, que en leurs lieux il prechassent la croiz et feissent preschier, et qu’il amonnestassent ceulz qui estoient croisiez qu’il s’appareillassent le plus tost qu’il pourroient bonnement pour passer[3].

  1. Le terme du quatrième ajournement fut le 8 avril 1331 (n. st.), mercredi avant les Rameaux (Lancelot, op. cit., p. 617).
  2. Pierre de la Palu était, au contraire, de retour ; latin : « rediens a Soldano ».
  3. Voir, dans Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 516-517, les lettres écrites par Jean XXII, le 5 décembre 1331, pour engager les fidèles à s’armer et à prier pour la croisade.