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Item, le vendredi après la dicte feste de saint Michiel[1], en la presence des princes devant nommez et aucuns prelaz, aveques moult d’autres nobles en la chapelle du roy à Paris assamblez, le roy fist proposer en appert qu’il entendoit à passer la mer pour porter aide à la Sainte Terre conquerre[2]. Et estoit son entente de laissier Jehan, son ainsné filz, garde du royaume, lequel avoit environ xiiii ans. Et lors pria à touz ceulz qui là estoient, et especiaument as nobles et aus prelaz, qu’il jurassent aus saintes reliques qui estoient en la chapelle du palais là où il estoient assamblez, qu’il porteroient obedience à son dit filz, aussi comme à leur seigneur et hoir ; et s’il avenoit que ledit roy trespassast ou voiage, il le coronneroient au plus tost qu’il pourroient en roy de France.

L’an de grâce mil CCC XXXIII, après la feste de saint Michiel, fist le roy à Paris, ou Pré aus Clers, au peuple, par l’arcevesque de Rouen[3], sermon pour prendre la crois, et la prist ledit roy le premier et grant quantité de nobles et d’autres aveques lui. Et fu ordené que la croiz fust preschiée par tout son royaume, et que touz ceulz qui avoient prise la croiz fussent tous prèz, du moys d’aoust passé en trois ans pour passer.[4]Et puis envoia par les bonnes villes de

  1. 2 octobre.
  2. Dès l’année 1331, Philippe VI avait pris l’engagement de partir pour la croisade au printemps de l’année 1334 (Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. V, p. 517), et, le 20 mars 1333 (n. st.), il fait connaître les dispositions qu’il a prises pour cette expédition (Ibid., p. 525 à 528). Cf. Delaville Le Roulx, La France en Orient au XIVe siècle, t. I, p. 86 à 102.
  3. Pierre Roger.
  4. La fin de ce paragraphe n’est pas tirée de la Continuation de G. de Nangis ni de la Chronique de Richard Lescot.