Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/192

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cause ne pooit mie estre demenée par touz ceulz qui de la partie au roy d’Angleterre estoient, si firent eslever i homme en la ville de Gant de moult cler engin que on appelloit Jaques de Harthevelt[1]. Il avoit esté aveques le conte de Valoys oultre les mons et en l’ille de Rodes, et puis fu vallet de la fruiterie monseigneur Loys de France. Et après il vint à Gant dont il fu nez et prist à femme une brasserresse de miel. Quant il fu ainsi eslevé, si fist assambler la commune de Gant, et leur monstra que sanz le roy d’Angleterre il ne pooient vivre, car toute Flandres est fondée sus draperie, et sanz laines on ne puet draper ; et pour ce, il looit que l’en tenist le roy d’Angleterre à ami. Lors respondirent qu’il le vouloient bien. Quant Jaques de Harthevelt vit qu’il avoit l’acort de ceulz de Gant, il assambla ses gens et vint à Bruges, et ceulz de la ville le reçurent a grant joie. Puis vint à Ypre, à Bergues à Cassel et à Furnes, et touz li firent obédience. Quant les messages au roy d’Angleterre virent ce, si firent assambler les trois villes à Gant. Yleques monstrerent que le roy d’Angleterre estoit le plus puissant des crestiens, et que se les iii villes ne s’alioient ensemble et qu’il en preissent la cure et le gouvernement du pays par leur force, le conte de Flandres qui devers le roy estoit, ne leur laisoit mie faire leur volenté. Tantost firent ylec leur aliance si fort par foy et par sere-

  1. Sur Jacques van Artevelde et sa famille, voir Kervyn de Lettenhove, Hist. de Flandre, t. III, p. 177 à 184 ; Léon Vanderkindere, Le siècle des Artevelde, études sur la civilisation morale et politique de la Flandre et du Brabant, p. 35 à 44 ; Pirenne, Hist. de Belgique, t. II, p. 102 à 106 ; Chronographia, t. II, p. 46 et suiv.