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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/210

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Beuchet[1] et Barbevaire, lesquiex assamblerent bien iiiic nefs de par le roy de France, et entrerent dedenz, eulz et leurs gens aveques leurs garnisons. Si avint que Beuchet, qui estoit I des souverains, ne voult recevoir gentil gent aveques soy, pour ce qu’il vouloient avoir trop grans gages, mais reçut povres poissoniers et mariniers, pour ce qu’il en avoit grant marchié, et de tieux gens fist-il s’armée ; puis murent et passerent par devant Caloys et se traistrent vers l’Escluse[2] tant qu’il furent devant, et ylec se tindrent touz quoiz et par telle maniere que nul n’i pooit entrer ne issir. Si avint que le roy d’Angleterre qui avoit ses espies, sceut que le navire au roy de France estoit passé vers Flandres ; tantost se mist en mer et messire Robert d’Artois aveques lui, et moult grant foison de gentilz hommes d’Angleterre, et grant planté d’archiers. Quant ledit roy anglois et toute sa gent furent près, si tendirent leurs voiles en haut, et siglerent grant aleure vers l’Escluse et ne targerent gueres, par le bon vent que il orent, qu’il aprochierent de la navire au roy de France, et se mistrent tantost en conroy. Quant Barbevaire les apperçut, qui estoit en ses galies, si dit à l’amiraut et à Nichole Beuchet : « Seigneurs, vez ci le

    (Arch. nat., JJ 68, nos 7, 8, 9, 10). Voir aussi, sur lui, P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 744, et Chronique normande, p. 251, note 2.

  1. Nicolas Behuchet, créé maître des eaux et forêts le 6 juin 1328, annobli en septembre de la même année, fut trésorier du roi vers la fin de 1331, maître des comptes dès 1335 et amiral avec Hue Quiéret en 1338. Fait prisonnier à la bataille de l’Écluse, Édouard III ordonna de le pendre (S. Luce, La France pendant la guerre de Cent ans, 2e série, p. 5 et 6).
  2. L’Écluse, Pays-Bas, Flandre hollandaise, province de Zélande, arr. de Middelburg.