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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/279

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en l’eschiele, et monstré à tout le peuple par iii foiz[1], en laquelle eschielle il souffri et soustint plusseurs reproches, blasphemes et vituperes très grans et vilains, tant pour l’orde boe que l’en li gettoit, comme par autres choses puantes qui li estoient gettées par les ministres du deable, les serjans du Chastellet qui estoient presens, et especiaument en ce qu’il fu navré jusques au sanc d’une pierre que l’en li getta, contre la deffense des commissaires et de l’official de Paris ; lesquiex, sus paine d’escommeniement, avoient fait crier que contre ledit Henri mis en l’eschielle, nul ne gittast plus d’une foiz. Et yceulz iii jours accomplis, assez tost après il mourut, et selon ce qu’il est acoustumé, il tu mis tout mort ou parvis. Finablement, afin que plusseurs le veissent, il fu porté au palais.

Après ces choses, le roy d’Angleterre envoia messages à la court, en soy complaignant du roy de France et disant qu’il ne gardoit mie raysonnablement les trives mises entre eulz[2], meismement pour la mort de monseigneur Geffroy de Malestroit chevalier, et d’autres chevaliers mis à mort à Paris par le roy de France.

  1. C’est le 12 octobre 1344 qu’Henri de Malestroit fut condamné à la prison perpétuelle après avoir été promené par la ville et mis à l’échelle au parvis Notre-Dame (Chronographia, t. II, p. 209, note 1).
  2. Dans des lettres du 3 août 1344, par lesquelles il annonce à Clément VI l’envoi de ses délégués, Édouard III se plaint que « sub umbrâ præsentis treugæ, dampna sunt inœstimabilia et intolerabilia nobis data » (Rymer, t. III, p. 18. Cf. dans Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. XVIII, p. 202 à 272, de nombreuses pièces relatives aux conférences qui eurent lieu à Avignon, aux mois d’octobre et novembre 1344, entre le pape et les envoyés d’Édouard III).