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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/312

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compaignie de barons et de chevaliers, desquiex Diex veulle avoir merci.

En celui lieu de Creci, la fleur de la chevalerie de France chée. La nuit venant, le roy, par le conseil de monseigneur Jehan de Haynau, chevalier, s’en ala gesir à la ville de La Braye. Le dimenche matin[1], les Anglois ne se departirent pas ; mais le roy aveques ceulz qu’il pot avoir en sa compaignie, s’en ala hastivement à la cité d’Amiens, et ylec se tint[2]. Ycelui meismes matin, plusseurs des nostres tant de pié comme de cheval[3], pour ce qu’il veoient les banieres du roy, si cuidoient que le roy y fust et se bouterent dedens les Anglois ; dont il avint que en ycelui meismes dimenche, les Anglois en tuerent greigneur nombre qu’il n’avoient fait le samedi devant, pourquoy nous devons croire que Dieu a souffert ceste chose par les desertes de noz pechiez, ja soit ce que à nous n’aparteigne pas de en jugier. Mais ce que nous voions nous tesmoignons, car l’orgueil estoit si grant en France et meismement es nobles et en aucuns autres ; c’est assavoir en ourgueil de seigneurie et en convoitise de richesces, et en deshonnesteté de vesteures et de divers habiz qui couroient communesment par le

  1. 27 août.
  2. D’après Gilles le Muisit, éd. Lemaître, p. 163, Philippe VI vint coucher à Labroye qu’il quitta le 27 au matin pour aller à Doullens d’où, après le dîner (post prandium), il partit pour Amiens où nous le voyons rester au moins jusqu’au 7 septembre (Itinéraire, p. 101). La dislocation de son armée eut lieu le 5 septembre (J. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, nos 420, 750, 796, 1771, 2269, 4635, 5030).
  3. Des milices des communes de Rouen et de Beauvais (J. Viard, La campagne de juillet-août 1346 et la bataille de Crécy, p. 79).