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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/317

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assavoir d’un fort en autre. Mais en la fin, après moult de reprouches et de grans villennies, pour la mort eschiver, il fu condampné à c mille flourins à la chaiere. Mais par les prieres du conte de Flandres faites au roy, l’en en pardonna au dit Pierre lm flourins.

En ce meisme temps, environ la feste saint Martin d’yver, l’abbé de Saint Denis, l’abbé de Meremoustier, et l’abbé de Corbie furent establiz tresoriers du roy de France[1]. Mais i pou après qu’il orent laissié ledit office, trois evesques et trois chevaliers[2] furent adjoins avesques eulz ; et ainsi furent fais recteurs, gouverneurs et conseilliers de tout le royaume de France.

En ce temps pristrent les Anglois une ville en Poitou, laquelle est appellée Tuelle[3], et la pillierent de touz les biens qu’il y trouverent.

En ce meismes an, le jeudi après la Concepcion

    Bel et qui mourut entre le 5 février et le 30 septembre 1349, fut arrêté et emprisonné le 25 octobre 1347. Voir sur lui J. Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois, t. I, p. 230, note 1.

  1. Ces trois abbés, Gilles Rigaud, Simon Le Maye et Hugue de Vers, n’étaient pas trésoriers du roi, mais étaient « les supérieurs de ces fonctionnaires » et avaient la haute direction des finances (Borrelli de Serres, Recherches sur divers services publics, t. III, p. 107).
  2. Noël Valois (Inventaire des arrêts du Conseil d’État, Introduction, p. xxii, note 5) indique les trois évêques : Jean de Marigny, archevêque de Rouen, Hugues d’Arcy, évêque de Laon, Jean de Meulant, évêque de Meaux ; et Borrelli de Serres (Ibid.) donne les noms des trois chevaliers : Jean de Nesle, sire d’Offémont, Pierre de Beccon et Geoffroy de Charny.
  3. La ville de Tulle, en Limousin, aurait été prise par les Anglais en 1346, après la bataille d’Auberoche (Hist. de Languedoc, nouv. éd., t. IX, p. 576, et Baluze, Historiæ Tutelensis libri tres, p. 199 et col. 717-718).