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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/71

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hommage au roy de France, à la requeste de sa mere.

Après i pou de temps, le roy d’Angleterre manda à la royne sa femme qui estoit en France, que elle s’en retornast à lui en Angleterre[1], mais elle ne s’i voult pas bien accorder ; car le roy d’Angleterre avoit un conseilleur en son hostel appellé Hue le Despensier, au conseil duquel le roy adjoustoit plaine foy sur toutes choses, qui n’amoit pas moult la royne. Et pour ce elle se doubtoit, se elle retornoit si tost en Angleterre, qu’il ne li pourchaçast domage et vilennie ainsi comme il avoit autre foiz fait ; si eslut à demourer en France. Et come elle sceut bien que le roy d’Angleterre ne li envoieroit ne deliverroit pas ses despens tant pour lui comme pour sa famille, elle renvoia touz ses chevaliers en Angleterre et ses escuiers aussi, exceptez aucuns que elle retint avec aucunes damoiselles ; et ainsi demoura une partie du temps en France[2]. Mais tant que elle y fu, le roy qui vit bien que elle estoit de sa volenté arrestée et demourée en France, comme bon frere doit faire à seur, li administra pour lui et pour sa famille, tant comme elle fu en France, toutes ses neccessitez de bon cuer et de bonne volenté[3].

  1. D’après Thomas Walsingham (Historia anglicana, t. I, p. 177), Édouard II donna cet ordre à la reine immédiatement après la Saint-Michel (29 septembre 1325).
  2. À la suite de son refus de revenir en Angleterre, Isabelle fut bannie ainsi que son fils Édouard et tous deux furent proclamés ennemis du royaume (Th. Walsingham, Ibid., t. I, p. 178).
  3. Le 31 décembre 1325, Charles IV prêta 1,000 l. p. à sa sœur Isabelle (Journaux du trésor de Charles IV le Bel, no 9419).