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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/81

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armes, qui avoit iiic hommes d’armes combatans, et arriva à i port[1] dont nulle personne du monde ne s’en donnoit de garde ; mais ce fu a grant meschief et a grant paine, dont une damoiselle enfanta d’angoisse avant son terme. Quant la royne fu arrivée à port, les Anglois et ceulz qui la gardoient de par le roy voudrent acomplir ce que on leur avoit commandé, et si ordenoient et disposoient tant comme il pooient ; mais la royne, comme sage et femme de grant conseil, sanz ferir cop de glaive ne d’espée, les apaisa en ceste maniere. Elle leur manda par amour et par amistié qu’il venissent parler à lui : il y vindrent ; eulz venuz, elle prist Edouart son filz entre ses bras et leur monstra en disant ainsi : « Biaux seigneurs », dit elle, « regardez cest enfant qui est à venir et à estre encore vostre roy et seigneur, se Dieu plaist. Si ne cuidiez mie que je soye entrée en Angleterre a gens d’armes pour grever ne domagier le roy mon seigneur ne le royaume ; mais y sui ainsi venue pour oster et extirper aucuns mauvais conseilleurs qui sont entour mon seigneur ; par lequel conseil mon seigneur est avuglé et afolé, et la pais du royaume et le royaume aussi empeeschié et troublé. Et au moins, se je ne les puis oster ne estreper, si est-ce bien m’entencion de la compaignie mon seigneur eulz, à mon pooir estranger et esloignier, afin que touz meffaiz soient corrigez et amendez, et le royaume d’Angleterre soit tenu et gardé en bonne pais et en bonne transquillité. » Quant les

    avec Philippine, fille de Guillaume Ier (Th. Walsingham, Historia anglicana, t. I, p. 179).

  1. Au port de Harwick (Essex) (Th. Walsingham, Ibid., p. 180).