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Page:Viau - Œuvres complètes, Jannet, 1856, tome 1.djvu/295

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La mer se vit toute allumée,

Les astres perdirent leur rang,

L’air s’étouffa de la fumée,

La terre se noya de sang.


Parmi la nuit de ces tumultes,

Quelque grand Dieu, que tu consultes

Alors que tout semble périr,

Vint aux coups afin de te suivre,

Sans besoin de te secourir :

Car pour ne t’empêcher de vivre,

La Parque aurait voulu mourir.


L’ennemi battu sans retraite,

N’avait, au bout de sa défaite,

Que ta clémence pour support ;

Ainsi, parfois, après l’orage,

Les rochers ont trouvé leur port

Sur les rochers de leur naufrage.


A bien chanter tant de combats,

Où jamais tu ne succombas,

Je voudrais consacrer mes veilles ;

Mais ton esprit trop retenu

Se fâcherait à tes oreilles

Si je l’avais entretenu

De la moindre de tes merveilles.


Aussi bien n’est-il pas besoin

Que mon poème soit témoin

De tes exploits si manifestes ;

Car, quelque part qu’on puisse aller,

Si quelqu’un n’a point vu tes gestes,

Il en a bien ouï parler.


L’horizon de la gent sauvage

N’a point de mont ni de rivage

Où ne soit adoré ton lôs,

Que dans ton nom l’Hyperborée

A fait voir à nos matelots,