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Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/219

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bles des corps, des atômes, pour savoir comment seront tel point, la terre, le monde, l’univers dans cent mille ans, comme dans cinq cents milliards de siècles. Ce n’est qu’une question de savoir, de patience et de formules chimiques.

— Je voudrais bien faire un de ces voyages dans le passé avec vous, quand m’endormirez-vous.

— Demain, chez moi, à deux heures.

Le lendemain, à deux heures moins dix j’étais chez lui, et à deux heures dix, transportés dans un astre, suivant mon désir, je voyais Adam et Ève, dans le Paradis terrestre, comme je vois tous les matins mon concierge qui me monte mon courrier.

Cependant, arrivé à la fameuse scène de la séduction de notre pauvre grand’mère par le serpent, mon esprit poussa un cri strident et je dis au vieux prêtre de Çakia-Mouni :

— Mais voyez donc, je comprends maintenant pourquoi Ève a succombé, le serpent a des pattes qui ressemblent à des jambes et devant à des bras. Il n’était pas fait comme les serpents d’aujourd’hui, ce que mon père a toujours écrit et affirmé depuis trente ans, d’après l’explication même des textes.

— Évidemment. C’est une des lois célèbres et curieuses du transformisme qui, là, a raison.

Et à part moi, mon esprit ne put s’empêcher de dire :

— C’est épatant comme les voyages forment la jeunesse ; voilà maintenant que je comprends la prescience divine de la première faute. Il est vrai que ces voyages ne sont pas encore à la disposition de tout le monde, mais c’est ainsi que chaque jour