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Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/248

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admettront que l’âme, ce fluide impondérable, est immortelle et survit à notre corps, tout comme le fluide électrique qui est l’agent même de l’univers.

Or voici ce que j’ai imaginé pour faire plaisir aux gens riches et aux curieux et, au fond, ce que je vais pouvoir réaliser scientifiquement ; dans le rêve de leur imagination dévergondée, nos pères l’avaient désiré avant moi, car ce n’est à tout prendre, que la forme nouvelle et tangible de la légende de Faust !

Comme clientèle je suis certain d’avoir celle de tous les gens riches qui ont peur de mourir et de tous les curieux qui voudraient bien savoir ce qui se passera sur la terre dans cent, deux cents, cinq cents ans et plus, car le fluide-âme est une chose qui peut se conserver et qui ne se décompose pas en bouteilles.

Donc un grand seigneur me dit :

— Je voudrais bien revenir sur la terre dans cent cinquante-et-un ans — le chiffre importe peu à l’affaire.

Je lui réponds :

— Voici les tarifs : mille francs par an, versez-moi d’abord cent cinquante-et-un mille francs.

Puis, par un procédé scientifique tout nouveau que je léguerai par testament à l’Académie des Sciences, mais que l’on me permettra de garder secret pour le moment, afin de ne pas me priver de mes moyens d’existence, je commencerai par lui enlever tout doucement, sans aucun danger, une partie de son fluide-âme qui d’ailleurs se reformera très vite et que j’emmagasinerai, condenserai, conserverai, si je puis dire, dans un flacon ad hoc.

Je conserverai ainsi des âmes, comme l’on conserve