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Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/347

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Il n’y avait plus à douter, je devais bien me trouver en face d’une poupée parlante du temps des Pharaons et je l’avoue, j’entendais moi-même le tictac de mon cœur, tant était de plus en plus poignante mon émotion grandissante.

Enfin je tirai lentement sur une des cordelettes qui paraissaient solides, mais réduites un peu en amadou par le temps, elle se cassa dans ma main ; je fis un nœud, elle se cassa de nouveau.

M’étant relevé, je restai longtemps avec la poupée entre les mains, laissant couler mes larmes cette fois, des larmes de sang et de désespoir.

Mes hommes atterrés, n’osaient dire mot. Enfin l’excès même du désespoir provoqua une réaction salutaire ; j’eus honte de mon mouvement de défaillance et m’asseyant sur un bloc de porphyre qui séparait les sarcophages, je me mis à déshabiller lentement la poupée. Ô prodige, les étoffes ne tombaient pas encore en charpie, de sorte qu’après lui avoir retiré sa robe et un large pantalon bouffant, tel que les portent encore les femmes arabes, à l’heure présente, je découvris intacts, en haut, entre les jambes, deux petits crochets métalliques, — en airain ou en laiton probablement, qui devaient retenir les deux cordelettes.

Plus prompt que la parole, je déposai ma poupée entre les bras de sa petite maman et saisissant le pan du burnou d’un de mes fellahs, je coupai une longue bande avec mon couteau dans le sens de l’étoffe.

Je défis fébrilement la trame et je retressai solidement deux fois, trois fils ensemble, pour avoir deux